Qui ne connait pas ce poète du 19ème et ses merveilleux poèmes. Au moins le "Dormeur du Val".
Ce que l'on sait moins c'est qu'Arthur poète maudit fit de la prison dans une cellule du zonzon Mazas. On l'aurait pris pour un espion prussien !
On ne connait pas moins Paul Verlaine partit bien trop tôt à l'âge de 51 ans . Poète tout autant maudit que Rimbaud qu'il rencontrera alors qu'il a 27 ans.
C'est alors un coup de foudre entre les deux personnages qui mèneront une vie amoureuse aussi houleuse que fougueuse. Un jour Verlaine blessera "son
infernal époux" avec un révolver au cours d'une dispute et se retrouvera lui aussi au zonzon. Et oui les histoires d'amour finissent mal, en général!
Deux sacrés phénomènes mais deux génies de l'écriture poétique.
Alors pour le plaisir je vous livre ce sonnet de Rimbaud que j'aime beaucoup
LE BUFFET
C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;
- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Et celui-ci de Paul Verlaine que j'aime tout autant
Cauchemar
J'ai vu passer dans mon rêve
— Tel l'ouragan sur la grève, —
D'une main tenant un glaive
Et de l'autre un sablier,
Ce cavalier
Des ballades d'Allemagne
Qu'à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalon
Rouge-flamme et noir d'ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !
Un grand feutre à longue plume
Ombrait son oeil qui s'allume
Et s'éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l'éclair bleu
D'une arme à feu.
Comme l'aile d'une orfraie
Qu'un subit orage effraie,
Par l'air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,
Et montrait d'un air de gloire
Un torse d'ombre et d'ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.
Ce que l'on sait moins c'est qu'Arthur poète maudit fit de la prison dans une cellule du zonzon Mazas. On l'aurait pris pour un espion prussien !
On ne connait pas moins Paul Verlaine partit bien trop tôt à l'âge de 51 ans . Poète tout autant maudit que Rimbaud qu'il rencontrera alors qu'il a 27 ans.
C'est alors un coup de foudre entre les deux personnages qui mèneront une vie amoureuse aussi houleuse que fougueuse. Un jour Verlaine blessera "son
infernal époux" avec un révolver au cours d'une dispute et se retrouvera lui aussi au zonzon. Et oui les histoires d'amour finissent mal, en général!
Deux sacrés phénomènes mais deux génies de l'écriture poétique.
Alors pour le plaisir je vous livre ce sonnet de Rimbaud que j'aime beaucoup
LE BUFFET
C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;
- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Et celui-ci de Paul Verlaine que j'aime tout autant
Cauchemar
J'ai vu passer dans mon rêve
— Tel l'ouragan sur la grève, —
D'une main tenant un glaive
Et de l'autre un sablier,
Ce cavalier
Des ballades d'Allemagne
Qu'à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalon
Rouge-flamme et noir d'ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !
Un grand feutre à longue plume
Ombrait son oeil qui s'allume
Et s'éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l'éclair bleu
D'une arme à feu.
Comme l'aile d'une orfraie
Qu'un subit orage effraie,
Par l'air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,
Et montrait d'un air de gloire
Un torse d'ombre et d'ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.